le 6 mars 2019 - par Maryse Bunel
Après une lecture en début de saison, la compagnie M42 crée les 8 et 10 mars à la scène nationale de Dieppe Presqu’illes, un texte de Sarah Pèpe mis en scène par Louise Dudek. Elle sera les 27 et 28 mars à L’Étincelle à Rouen. Presqu’illes ou comment le langage est source d’inégalité entre les femmes et les hommes.
Le sujet n’est pas nouveau et reste… toujours d’actualité. Sarah Pèpe apporte un éclairage singulier en mêlant la question des inégalités entre les femmes et les hommes et le langage dans Presqu’illes. L’écrivaine s’est penchée sur des règles de grammaire et la disparition de certains mots au fil du temps. Des oublis, une erreur, une volonté ? Le propos n’est pas de refaire l’histoire mais d’en observer les conséquences aujourd’hui. D’autant « ce qui n’est pas nommé n’existe pas ». Ce qui pose aussi la question du pouvoir.
La féminisation de la langue écorchent encore les oreilles de plusieurs récalcitrants ; même l’Académie française vient enfin de s’y résoudre. Sarah Pèpe chatouille ces oreilles avec Presqu’illes, un texte intelligent et drôle. Tout commence quand une femme se présente comme autrice. Quel mot ! Les réactions ne se font pas attendre et la salle se transforme en tribunal où des figures de l’Histoire prennent la parole. Sarah Pèpe revient sur le combat de Marie-Louise Gagneur et d’Yvette Roudy sur l’évolution de la langue. Elle écrit en parallèle un échange entre un garçon et sa maîtresse. Il ne comprend pas cette faute soulignée en rouge et exige de son enseignante des explications.
Louise Dudek et sa compagnie M42 ont proposé le 16 septembre 2018 une lecture du texte de Sarah Pèpe lors des Journées du Matrimoine à DSN. Elles reviennent à la scène nationale de Dieppe pour la création de Presqu’illes avant deux représentations à L’Étincelle à Rouen. « La lecture a été l’élément déclencheur de la mise en scène. Nous ne voulions pas en faire un sujet de spécialistes, plutôt dans un moment de partage. Nous ne sommes pas dans une affirmation, un rapport frontal mais dans une forme plus ouverte afin que le public puisse s’emparer de ce sujet au cœur de nos existences. Cela remet en question le rapport à la langue et forge le monde ».
Avec Presqu’illes, Louise Dudek a imaginé un cabaret où « les scènes sont traitées comme des numéros et ponctuées de chansons ». Sur scène, trois comédiennes et un comédien, Alvie Bitemo, Clémence Laboureau, Claudia Mongumu et Pier Lamandé, interprètent 21 personnages, chantent des titres de Clara Luciani, de Beyoncé, de Soizic Martin, d’Anne Sylvestre… Le spectacle est suivi d’un débat avec le public.
La Compagnie M42 remercie ses soutiens